Le pétrole
en territoire négatif
Lundi 20 avril, c’est la stupéfaction dans le monde face au prix du baril de pétrole brut WTI à la clôture : -37,6 dollars, en territoire négatif pour la première fois de son histoire. Autrement dit, les producteurs payent les acheteurs pour se débarrasser de leur pétrole.
Si le BRENT, référence utilisée par l’OPEP, était encore en positif à 26 dollars le baril, son prix diminue en cascade, il est passé dès le lendemain sous la barre des 20 dollars.
Pourquoi
une telle chute ?
Le WTI, extrait aux USA, a souffert mardi de la saturation des espaces de stockage américains, notamment à Cushing, centre de livraison des contrats à terme négociés à New York.
L’effondrement de la demande liée au COVID-19 avec une baisse d’environ 25% de la demande mondiale est directement en cause. En France, la consommation de carburant automobile a chuté de plus de 70% depuis le confinement et le transport aérien est très fortement impacté. Stocker du pétrole coûte cher et les espaces sont saturés. La production n’a pas diminué en conséquence car il est très difficile d’arrêter un puits, notamment avec le risque d’endommagement des installations.
Pourquoi une décorrélation entre
la valeur du WTI et celle du BRENT ?
Il s’agissait pour le WTI de contrats à terme pour le mois de mai alors que pour le BRENT, cela avait déjà basculé sur les contrats de juin, donc avec une possibilité d’ajuster les positions des acheteurs. De plus, le BRENT est produit essentiellement en mer, et des tankers sont à disposition pour le stocker et le transporter là où la demande subsiste.
Quelles conséquences
futures ?
Le baril de WTI est repassé en positif, avec une cotation à 11,82 dollars sur les contrats à terme de juin. Donald Trump s’est engagé à soutenir son industrie pétrolière d’autant qu’elle est située principalement au Texas, état à électorat majoritairement républicain.
Les pays très dépendants du pétrole verront leur économie affectée, comme par exemple l’Algérie, l’Irak ou le Venezuela, d’autant que leur situation financière est déjà compliquée. D’autres, comme le Qatar ou les Emirats sont mieux armés pour faire face.
Ceci étant, le choc est temporaire et le déséquilibre entre l’offre et la demande lié au confinement de la population va se réguler avec la prochaine reprise des activités humaines.